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Les prémices de la théorisation de l’idée

 

                               La théorie de l’évolution

 

       Des siècles avant Charles Darwin (XIXe siècle), les philosophes avaient tenté d’expliquer l’extraordinaire variété de la vie. L’explication traditionnelle est bien sûr surnaturelle : tout a été créé par un  ou plusieurs dieux dans un but précis. Ainsi, l'idée d'eugénisme remonte au moins au prestigieux orateur et philosophe romain Cicéron (I-IIe siècles avant J-C), voire au grand philosophe grec Platon au Ve siècle avant J-C, pour qui il ne peut y avoir d’égalité politique absolue qu’entre les meilleurs, donc le choix du conjoint doit être l’affaire de l’état. Mais finalement, la théorisation du concept de création de l'Homme est surtout associée au théologien anglais William Paley, dont les ouvrages, notamment Théologie naturelle ou Preuves de l'existence et des attributs de la divinité, tirées des apparences de la nature, ont beaucoup influencé Charles Darwin lors de ses études de théologie à l’université de Cambridge. En effet, William Paley prouvait l’existence de Dieu et la création divine de tout ce qu’il y a sur Terre par “l’argument d’intention”, illustré par son célèbre argument dit “de la montre”, formulé ici par le prix Nobel de biologie François Jacob (1920-2013) : "Si vous trouvez une montre, vous ne doutez pas qu'elle a été fabriquée par un horloger. De même, si vous considérez un organisme un peu complexe, avec l'évidente finalité de tous ses organes, comment ne pas conclure qu'il a été produit par la volonté d'un Créateur ? Car il serait simplement absurde, dit Paley, de supposer que l'œil d'un mammifère, par exemple, avec la précision de son optique et sa géométrie, aurait pu se former par pur hasard."

       Darwin a aussi été influencé par les ouvrages de l’économiste britannique Thomas Malthus pour sa deuxième œuvre, l’Origine de l’Homme. Dans cet ouvrage, Malthus prédit mathématiquement que, sans frein, la population grandira de façon exponentielle alors que la production de nourriture ne grandira que de façon arithmétique, et qu’il faut alors limiter la croissance de la population pour éviter une catastrophe démographique. Il préconise donc une régularisation volontaire des naissances et l’arrêt de l’aide aux nécessiteux.

       En 1842, Charles Darwin énonce son idée de la théorie de l’évolution pour réfuter la théorie créationniste de Paley mais attend 17 ans pour la publier, de peur de la réaction du reste de la communauté scientifique. Il publie donc De l'Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie en 1859. L’idée centrale est que toutes les espèces sont parentes et naissent les unes des autres via des variations aléatoires qui se transmettent si elles sont favorables à la survie ou  la reproduction de l’espèce. Ainsi, l'environnement ne joue qu'un rôle de sélection : les individus ayant subi une mutation qui leur confère un avantage augmentent leur chance de survie et de reproduction. Si Darwin évite d’aborder ce que l'évolution pourrait nous dire du comportement humain, il ne faut pas longtemps à ses contemporains pour tenter d’appliquer sa théorie aux sociétés humaines. Cette théorie de l'évolution fut aussi utilisée pour promouvoir le racisme.

       Darwin émit une autre théorie d’importance historique, la théorie de la pangenèse, exprimée pour la première fois en 1866 dans De la variation des animaux et des plantes à l'état domestique. Elle reprend les idées d’Hippocrate, un médecin et philosophe grec du temps de Périclès (Ve siècle av. J-C), père de la médecine occidentale, qui pensait que l'ensemble de l’organisme participe à l’hérédité. Darwin adapte cette pensée à la théorie cellulaire. Il suppose que les cellules de tout le corps bourgeonnent, émettant ainsi ce qu'il désigne comme des « gemmules ». Celles-ci, libérées dans le milieu extracellulaire et la circulation générale, ont la capacité de s'agréger en une forme que Darwin appelle « polybourgeon ». Selon cette conception, les ovules et les spermatozoïdes sont les polybourgeons formés dans les organes génitaux. L'idée de Darwin était que certains des caractères transmis pouvaient ne pas être apparents chez les géniteurs au moment de la fécondation et qu'ils se manifesteraient au même moment du développement de la progéniture que chez les parents (par exemple lors de la vieillesse). Pour être en accord avec sa théorie de la sélection sexuelle, il stipulait également que certains caractères transmis s'actualisaient différemment selon le sexe.

 

       Une théorie antérieure était en concurrence avec la théorie de l’évolution de Darwin, celle de Lamarck. Jean-Baptiste de Larmack était un naturaliste français. Il est l’un des premiers naturaliste à avoir compris la nécessité théorique de l'évolution des êtres vivants. Sa théorie transformiste reposait sur deux principes : la complexification croissante de l'organisation des êtres vivants se produit sous l'effet de la dynamique interne propre à leur métabolisme, et leur diversification, ou spécialisation, en espèces, à la suite d'une adaptation à leur milieu de leur comportement ou de leurs organes. Il intègre sans la discuter la transmission des caractères acquis dans sa propre théorie de l’évolution. Ces idées, admises depuis Aristote  (IVe siècle av. J-C), étant courantes chez les savants de son époque. Lamarck cherchait une explication physique de l’être vivant, c’est pourquoi il a fondé la biologie comme une science à part entière, au contraire de Darwin, qui cherchait seulement à réfuter l’idée de l’intervention divine dans la création des espèces. La théorie de Lamarck est encore celle à laquelle croient, sans même le savoir, une grande partie des gens actuellement, pour qui par exemple, des moustiques agressés par de l'insecticide vont simplement muter pour devenir résistants. Pour reprendre cet exemple avec la théorie de Darwin, les moustiques mutent au hasard, et c'est juste parce que ceux qui ne sont pas résistants meurent, et donc que seuls les moustiques résistants restent vivants, qu'ils deviennent résistants !

                                          Les bases de l’eugénisme

   

       Après 1860 apparaissent les bases de l’eugénisme. August Weismann, un biologiste et médecin allemand, défend en 1883 la théorie du plasma germinatif (qui deviendra le génome au XXe siècle), selon laquelle les organismes pluricellulaires sont constitués de cellules germinales, contenant l'information héréditaire, et de cellules somatiques, effectuant les fonctions vitales. Les cellules germinales ne sont ni influencées par ce que le corps apprend, ni par n'importe quelle capacité qu'il acquiert au long de sa vie, et ne peuvent donc pas transmettre ces capacités à la génération suivante. Avec les travaux de Francis Galton, les travaux de Weismann démontrent la non hérédité des caractères acquis (Lamarck) et donc ruinent la théorie de la pangenèse (Darwin). L’hérédité se concentrerait donc sur les caractères innés. Cela entraîne  la redécouverte de l'œuvre de Gregor Mendel par de nombreux spécialistes, comme le biologiste et généticien français Lucien Cuenot, qui était contre le lamarckisme, mais totalement d’accord avec les thèses de Darwin et avec la théorie de Weismann.

       Gregor Mendel, botaniste autrichien, est considéré comme le père de la génétique. Il est à l’origine de ce qu’on appelle aujourd’hui les “lois Mendel”, qui définissent la manière dont les gènes se transmettent de génération en génération. Sa découverte fondamentale est que ce ne sont pas les caractères eux-mêmes qui sont transmis, mais quelque chose d’autre, qu’il nomme Factoren, “facteurs”, et que le généticien danois Wilhelm Johannsen rebaptisera “gènes” en 1909. Mais les travaux de Mendel ne provoquent guère d’enthousiasme chez ses contemporains, qui ont pu juger ses interprétations trop loin de l’état des connaissances concernant la physiologie cellulaire. Les travaux de Mendel ne sont donc redécouverts qu’après que la cytologie (étude des cellules isolées, en opposition avec l’histologie, l’étude morphologique des tissus) eût affermi les connaissances sur la méiose (division cellulaire qui produit des cellules sexuelles ou des gamètes). C’est ainsi que Mendel finit sa vie dans l’indifférence de ses contemporains et que les deux théories, celle de l’évolution de Darwin et celle de la génétique de Mendel, cohabitèrent séparément pendant plusieurs décennies, sans que personne n’ait l’idée de faire le lien.

       En plus de ces découvertes scientifiques importantes, Herbert Spencer, un philosophe et sociologue anglais, fonda,  en appliquant la théorie de l’évolution à l’espèce humaine,  le darwinisme social qui finit par se conjuguer avec les théories eugénistes. En effet, il applique le principe de « la survie du plus apte » aux sociétés humaines et formule le principe du darwinisme social selon lequel l'hérédité (les caractères innés) aurait un rôle prépondérant par rapport à l'éducation (les caractères acquis). Spencer voyait dans les luttes civiles, les inégalités sociales et les guerres de conquête rien de moins que l'application à l'espèce humaine de la sélection naturelle. Le darwinisme social, ou spencerisme, c’est laisser faire la sélection naturelle au sein de la société, permettant une régénérescence de la société par elle-même en éliminant naturellement les moins adaptés à l’environnement social. C'est pourquoi Spencer ne cessera de condamner et de combattre toute forme d'assistance envers les plus démunis. Ces derniers ayant fait par leur échec la preuve de leur infériorité au sein d'une compétition sociale, rapidement réduite à n'être que le prolongement de la lutte pour la vie. Nul ne doit leur venir en aide puisqu'ils sont ainsi naturellement disqualifiés. Ce n’est pas la même chose que l’eugénisme, ou galtonisme, qui veut forcer la sélection naturelle par une sélection artificielle contre des tares supposées aidant à une dégénérescence de la société et des individus.

Ce site a été créé par des élèves de Première S dans le cadre des TPE. Nous espérons qu'il vous plaira. Bonne navigation !

Louison CHAUVIN

Eliette LEBRUN

Camille LUCOT

Lycée Nodier, Dole, Académie de Besançon

Entre Eugénisme et Transhumanisme

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