Eugénisme Nazi, des millions de victimes



Les historiens se sont accordés à dire que la pratique de l’eugénisme nazi n’est en réalité que l’application directe des théories énoncées des années auparavant par des eugénistes reconnus, par exemple les français Arthur de Gobineau et Georges Vacher de Lapouge, l’anglais Houston Stewart Chemberlain et les américains Madison Grant et Henry Ford mais également les allemands Ludwig Woltmann et Hans F.K. Günther.
L’eugénisme se fait de plus en plus sentir depuis l’arrivée du régime nazi en 1933. Hitler applique donc Mein Kampf II au pouvoir. Il déclara que “ Le but ultime de l’État “völksich” (importance du peuple) est de veiller à préserver les éléments raciaux fondamentaux, qui [...] font la beauté et la dignité d’une humanité supérieure.” Un de ses disciples au pouvoir est notamment l’homme de la solution finale et l’un des partisans de l'eugénisme en Allemagne : Heinrich Himmler.
En Allemagne nazie, on déplore donc deux types d’eugénisme selon l’historien Georg Lilienthal : “D'un côté, éliminer les êtres considérés comme inférieurs, ce qui a conduit à l'extermination des juifs et des Tsiganes ; de l'autre, renforcer une supposée élite raciale en sélectionnant des géniteurs grands, blonds, aux yeux bleus. "
Himmler, fou d’une race supérieure
Heinrich Himmler, un des disciples les plus fous de Hitler, est chargé de la politique de purification du peuple allemand dans le but de la construction d’une communauté raciale biologiquement pure en favorisant la reproduction des humains de race Aryenne.
La favorisation de la reproduction des humains de race aryenne est l’un des plus grands enjeux du régime hitlérien, aux côtés de l’antisémitisme et de l'expansion du Lebensraum, l’espace vital. Les personnes blondes aux yeux bleus avaient donc pour ordre de se reproduire entre eux, l’IVG leur était interdit. De plus, toute femme appartenant à la race “aryenne” était encouragée avec son mari à procréer. Ces femmes recevaient des médailles et étaient louées pour leur “volonté de vie”. Plus une femme avait d’enfants (blonds et conformes), mieux elle était vue par l’État et par la société - communauté - nazi. Ces familles nombreuses recevaient beaucoup d’avantages, tels que des aides financières mais également l'annulation des dettes au bout du 4e enfant. Pour les couples se destinant à une famille nombreuse, l’État leur faisait des prêts. Toutes ces mesures de propagande avaient un but précis, celui de développer une communauté supérieure et de l’étendre, et ainsi étendre ses rangs par les nouveaux enfants nés de race pure. Les SS avaient aussi pour ordre de faire au moins quatre enfants avec leur épouse, mais aussi de faire des enfants hors mariages avec des femmes correspondant à la race aryenne.
Puis le 12 décembre 1935 a lieu le création des “Lebensborn” (“fontaine de vie”), qui étaient des sortes de fermes-usines à enfants de race supérieure. Les jeunes filles conforment aux critères nazis étaient envoyées dans des centres où on les faisaient se reproduire avec de jeunes SS, de manière à créer les meilleurs enfants possibles. Les mères accouchaient dans l'anonymat tandis que le nom des pères était occulté. Les enfants pouvaient être adoptés par des familles “modèles”. Le plus étonnant était que les enfants n’étaient pas déclarés à l’État civil mais à un Etat civil secret. Tout d’abord ce mouvement n'apparaît qu’en Allemagne puis petit à petit en France, en Belgique, dans les Pays Bas et notamment en Norvège, là où la “race nordique” fascinait, mais également en Autriche et au Danemark. La première maternité ouvre ses portes à Steinhöring. Puis la direction du projet est confié à Max Sollman, colonel SS, et au médecin SS Gregor Ebner, chargé de la sélection. Dans ces maternités spéciales quand un enfant naissait handicapé, les médecins nazis l’euthanasiaient, et appelaient cette méthode “le traitement spécial”. Mais ces centres accueillaient aussi des enfants arrachés à leurs parents (⅕ des enfants des centres) pour les conformer aux vouloirs du Reich. Puis au bout d’un mois, les bébés jugés aptes étaient baptisés par leur père selon le rite nazi : le père SS brandissait sa dague et bénissait l’enfant. On inculquait dès le plus jeune âge à ces enfants les principes nazis. En France, il n’y eu qu’une maternité de ce genre au nord est de Paris : la maison Lamorlay.
A la fin du démantèlement du programme, on estime que 22 000 enfants y sont nés, pour la majorité en Norvège et en Allemagne. Appelés “enfants de la honte”, ils sont renommés avec des noms moins germaniques puis confiés aux assistances sociales de leur pays ou à des familles d’adoption, et pour les plus chanceux dans leur “propre” famille si les documents qui leurs sont attribués sont en état. C'est pourquoi bon nombre de ces enfants n'ont jamais connu leurs origines et en possèdent des fausses.










Des stérilisations
La Californie, pionnière aux États-Unis dans la stérilisation de masse, a encouragé l’eugénisme allemand. La fondation Rockefeller californienne a développé un programme en faveur de cet eugénisme et notamment pour le programme de Josef Mengele, qui a travaillé à Auschwitz.
Le 14 juillet 1933, les premières lois de politique de stérilisation sont appliquées en Allemagne : stériliser tout ceux ayant une maladie génétique (maladie ou malformation), les juger “génétiquement inférieurs”(sauf les enfants avant l’âge de 10 ans et les personnes très âgées). Les maladies étaient en réalité la débilité mentale congénitale, la schizophrénie, la psychose maniacodépressive, l'épilepsie héréditaire, la maladie de Huntington (affection dégénérative du cerveau), la cécité/surdité héréditaire, et les malformations corporelles graves et héréditaires, mais aussi l'alcoolisme. La principale raison avancée est que cela stopperait l’infection qui envahit le sang pur aryen. Quand en novembre, une loi “contre les récidivistes et dangereux” fut votée, il fut permis de castrer et d’interner des “asociaux” tels que les morphinomanes, les mendiants et les prostituées.
Le 25 juin 1935, une loi contre les homosexuels est votée. Ils eurent le choix entre être castré ou envoyé en camps, car ils étaient considérés comme malades contagieux, porteurs d'une maladie génétique et héréditaire. Un peu plus tard dans l’année, le 18 octobre, une seconde loi est votée pour “la protection du patrimoine génétique du peuple allemand”. Enfin, ces stérilisations sont arrêtées en 1939 pour être reprises par un programme plus radical. Le nombres de personnes stérilisées entre 33 et 39 fut tout de même d’environ 70 000 personnes.
"Aktion T4” ou la promesse d'une mort miséricordieuse
Le programme Aktion T4 fait partie de l’eugénisme négatif nazi : donner une mort “miséricordieuse” afin d’améliorer la race en éliminant les humains "inférieurs". Le programme naît dans un soucis de purification plus radicale du peuple allemand. Une violente propagande est menée à partir de 1938 à travers le pays pour prouver que ces malades coûtent trop cher à la société : il faut éliminer tous les malades et handicapés physiques et mentaux. Ce programme doit son nom à l’adresse des bureaux où tout est orchestré : le n°4 de Tiergartenstrasse.
Les victimes sont principalement des pensionnaires d’hôpitaux psychiatriques, des handicapés et des patients hospitalisés depuis plus de cinq ans. Les projets de ce programme sont soumis à Hitler et au chef des médecins du Reich, Gerhard Wagner, lors du congrès du parti nazi en 1935. Cependant, pour les rendre légitimes, Hitler a besoin que la guerre se déclare. C’est pourquoi il ne commence vraisemblablement qu’en septembre 1939. En outre, Karl Brandt et Philipp Bouhler ont commencé à recenser tous les enfants “malades” de 0 à 3 ans avec l’aide du comité qu’ils ont créé, le “Comité du Reich”. Le nombre d’enfants exterminés s’élève à environ 5 000 en 2 ans. Quant à Leonardo Conti, secrétaire d’État à la Santé, il a planifié la mort des adultes.
Afin de pratiquer la mise à mort en toute discrétion, deux châteaux, Hartheim et Grafeneck, sont réquisitionnés, en Autriche et en Baden-Wutemberg (Allemagne). Petit à petit, plusieurs autres établissements se créent surtout sur le territoire allemand, six en tout.
L'euthanasie par médicament est trop lente et trop chère. Hans Hefelmann propose donc de « tuer les victimes par fournées dans des “accidents” de trains ou de cars provoqués délibérément ». Puis Albert Widmann, chimiste de l’Institut technique de criminologie, propose de procéder avec le monoxyde de carbone pur. Les centres sont donc équipés d’une pièce hermétique où le gaz, testé en Pologne, est introduit. Des fours crématoires sont commandés mais restent insuffisants aux vues de l'efficacité du système. Une “Compagnie de transport de patients” est également crée et est appelée Gekrat.
Elle transfère les malades jusqu’aux centres de mise à mort. Le transport est effectué à l’aide d’infirmiers armés qui embarquent les malades drogués (pour moins d’agitations) dans des bus aux vitres opaques. A leur arrivée, les patients sont triés. Par exemple, ceux qui ont des dents en or sont marqués, avant d’être enfermés dans une pièce équipée d’une fausse pomme de douche, d’où sort en réalité le gaz toxique. Ensuite, les corps sont évacués et leurs dents de valeurs sont retirées par des SS.
A chacune des morts, de faux certificats de décès sont envoyés avec une urne de cendres et une lettre de condoléances aux familles. Pourtant les certificats attirent l’œil et sont vite repérés comme étant erronés aux vues de certaines circonstances de décès et motifs incohérents, comme par exemple une péritonite pour un patient déjà opéré de l’appendicite… De plus, de gros nuages de fumée nauséabonde sont repérés au dessus de ces centres.
Le programme cesse donc lors du 24 aout 1941, après que l'évêque de Münster a condamné ces pratiques. Mais 70 273 malades ont déjà été tués. Pourtant, ces actions reprennent secrètement et en dehors de l’Allemagne dès novembre, sous la direction de Himmler, et se poursuivent jusqu’en 1944 sous le nom de “Aktion 14 f 13”.
Finalement, plus de 200 000 personnes ont été tuées dans le cadre du programme Aktion T4.
Les techniques d’extermination de masse se déroulaient généralement avec ces étapes : procédure pseudo-médicale, chambres à gaz, leur camouflage en salles de douches, le dépouillement des corps… Et elles ont été inventées par la T4. C’est pourquoi quatre mois après la fin officielle du programme, ces spécialistes sont envoyés en Pologne et orchestrent l’«Aktion Reinhard», opération pour exterminer les juifs.
A la fin de la Guerre, Philipp Bouhler et Leonardo Conti se suicident avant leur procès, alors que Karl Brandt et Viktor Brack furent présents à Nuremberg
Génocide de la “sous race”
La haine des Juifs par les Nazis trouve justification dans la république de Weimar et le complot juif qui seraient responsables de la défaite allemande.
Les Juifs sont tout d’abord parqués en ghettos mais ceux-ci deviennent de moins en moins sûrs et trop petits. Survient donc la Shoah, l’Holocauste, le génocide Juif et Tzigane ou encore l’élimination de la sous race sémite qui sont les noms les plus courants apportés au plus grand génocide mondial du XXe siècle, qui concerne également les handicapés, les malades mentaux... En réalité, le génocide en lui-même n'apparaît qu’à partir de juin 1941 avec les Einsatzgruppen. Ces troupes d’élite sont envoyées en Pologne, dans les pays Baltes mais surtout en URSS afin de tuer juifs et bolcheviques. Des exécutions de masse ont alors lieu, au cours desquelles chaque personne appartenant à ces communautés est fusillée. Cette première partie du génocide est appelée « Shoah par balles » et tue environ un million de Juifs.
Puis d’autres mesures sont prises le 20 janvier 1942 lorsque, entre autre, Hitler confère la direction de la solution finale à la question juive à Göring, Himmler, Heydrich et Eichman, dans le seul but d’organiser cet holocauste. Afin également de soulager les Einsatzgruppen trop éprouvés par ce travail moralement difficile, les Juifs sont déportés grâces à des trains - de marchandises - vers différents camps de concentration. Les plus connus sont Dachau, Auschwitz Birkenau, Treblinka… On y trouve différentes sections, et des camps de femmes, d’enfants et d’hommes. Tout d’abord à l’arrivée, on demandait aux gens de laisser leurs bagages sur le parvis puis de se déshabiller pour aller à la douche. Des savons étaient distribués et il était dit que des soupes seraient distribuées ensuite pour créer des effets de réel et affoler le moins possible les “détenus”. Puis les groupes de personnes étaient conduits aux chambres à gaz déguisées en douche. Au départ, le gaz venait des “camions à gaz”, mais ils étaient trop peu efficace et par conséquent ils furent remplacés par le gaz Zyklon B. Alors que la plupart des déportés mouraient dans les chambre à gaz, une partie était utilisée pour le travail dans le camp. Ils étaient nommés les Sonderkommandos et portaient des “pyjamas rayés”. Le travail de ces Juifs consistait à prendre les corps inertes de leurs “semblables” à la fin de la douche, de les dépouiller (cheveux, bijoux, dents en or) puis de les conduire dans une fosse commune ou aux fours crématoires. Ils avaient interdiction de parler, menacés d’être brûlés vifs dans un four devant tous leurs compagnons de travail. Ils étaient également chargés de trier par tas les affaires des anciens déportés, qui étaient ensuite renvoyées dans le Reich. Puis eux-même mouraient d’épuisement, se suicidaient ou étaient tués.
On estime qu'environ 20 % à 25 % de la population tzigane a été décimée et que 6 à 7 millions de Juifs sont morts dans cette industrie de la mort. En outre, le nombre de victimes aurait pu ne pas être aussi important si les pays “soumis” n’avaient pas collaboré en faisant des rafles, comme en France sous le régime de Vichy.
Après 1945, les historiens cherchent à éloigner l’eugénisme américain de l’eugénisme nazi. Il est dit que “eugénisme” signifie uniquement “bons gènes” et qu'utiliser le terme comme synonyme de génocide est une “trop commune distorsion de l'histoire sociale de la politique de la génétique aux États-Unis” puisque l’eugénisme y est considéré comme une ère progressiste, comparée à l’utilisation des nazis. Quoi qu’il en soit, les nazis ont eu recours à ces pratique eugénistes négatives.
Durant la seconde guerre mondiale, la seule mesure revendiquée eugéniste en France fut le contrôle des mariages avec l'examen prénuptial sous le régime de Vichy : c'est la loi du 16 décembre 1942, mais qui ne fut dans les faits jamais réellement appliquée.