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Introduction

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       Le 4 octobre 2017, un américain du nom de Josiah Zayner, diplômé de l’Université de Chicago en biophysique nucléaire, s’est injecté dans le bras une solution contenant l’enzyme CRISPR- Cas9, capable de “couper-coller” de l’ADN, dans le but de désactiver le gène responsable  de la myostatine, une protéine qui inhibe la croissance musculaire. Son objectif était de voir si le volume de ses muscles allait bel et bien augmenter. Peut-être cela paraît-il fou à certains d’entre vous ? Insensé, inventé ? Un homme isolé ne peut pas tenter de modifier son ADN aussi facilement, n’est-ce pas ? Pourtant, aujourd’hui, c'est tout sauf de la science fiction. Cette protéine alliée à un brin d’ARN guide a été découverte en 2012, et depuis ne cesse de prouver sa facilité d’utilisation et son efficacité.

       Le docteur Jean-François Bouvet s’indigne de la “banalisation de la modification génétique de l’embryon” : dès 2015, une équipe chinoise faisait des tests avec cet outil “d’édition du génome” sur 86 embryons humains ; ces expérimentations se succèdent en Suède, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Serait-ce la porte ouverte à l’amélioration de notre génome ? Si l’on pense à la science-fiction lorsque l’on nous parle de ces réalités actuelles, c’est que ce grand changement a été anticipé et imaginé tout le long du XXe siècle par les artistes à travers le genre de la science-fiction, et plus précisément de l’anticipation.

       Le roman le plus emblématique de l’anticipation de la révolution génétique, est Le Meilleur des Mondes, écrit par Aldous Huxley en 1931 (et parut en 1932). L’auteur imagine une société futuriste où la naissance est industrialisée : les relations sexuelles sont réservées au loisir, et la procréation naturelle est un sujet honteux et tabou. Tous les individus sont ainsi créés dans des grands laboratoires semblables à des entreprises de production d’humain. Dans cette société organisée en cinq castes, le bonheur est une règle que l’on ne peut enfreindre, car chacun est déterminé par des modifications de son embryon et par un conditionnement qui l’amènera plus tard à être pleinement satisfait de la place qu’il occupe : il n’y a donc plus aucune forme de contestation, et l’individu n’est plus qu’un maillon d’une civilisation parfaitement ordonnée. Stabilité est le mot d’ordre. Aldous Huxley a imaginé une future Humanité basée sur un eugénisme qui serait aujourd’hui très probablement possible pour demain. Et, bien qu’il ait écrit son roman

       Il est intéressant de noter que ces deux œuvres sont considérées parfois comme de la science-fiction, parfois comme de l’anticipation, souvent sans trop de préoccupation. La science-fiction, comme son nom l’indique, regroupe les œuvres - principalement littéraires et cinématographiques - qui décrivent un monde fictif reposant sur des progrès technologiques inaccessibles. Une œuvre d’anticipation, elle, s’appuie sur les tendances actuelles de la société pour en imaginer une évolution : les progrès scientifiques évoqués ne sont pas impossibles dans un avenir proche. Bienvenue à Gattaca comme Le Meilleur des Mondes sont donc des œuvres d’anticipation car ce qu’elle décrivent est clairement ce à quoi pourraient nous amener les sciences que l’on développe actuellement. Dans le cas de Le Meilleur des Mondes, il est possible de penser qu’il faisait partie de la science-fiction lorsqu’il est sorti, mais qu’il a à présent rejoint l’anticipation.

       Ces deux œuvres, outre leurs remarquables prévisions dystopiques , nous apportent une réflexion sur la volonté de l’Homme d’améliorer son être biologique : l’eugénisme (sélectionner les meilleurs ou éliminer les inaptes pour améliorer l’espèce) et le transhumanisme (augmenter l’individu à l’aide des technologies) sont les deux courants qui expriment cette volonté. Nous allons nous essayer à retracer la façon dont l’Homme chercha et cherche toujours à améliorer l’humain, que l’on considérera comme son aspect biologique, à travers l’eugénisme et le transhumanisme. Comment l’Homme cherche-t-il à améliorer l’humain ?

       Depuis l’Antiquité, l’Homme cherche à améliorer son espèce et rêve d’améliorer son corps lui-même. Faire de beaux enfants et promettre l’immortalité. Mais cette volonté reste vaine et idéologique : il lui manque un outil pour concrétiser ce projet, ou bien cet outil n’est pas encore assez sophistiqué. Ce qui lui manque, c’est la science, et plus particulièrement celle du fonctionnement humain. C’est alors qu’au milieu du XIXe siècle, dans une première secousse, il découvre le principe de la sélection naturelle, accompagnée de connaissances plus précises sur le fonctionnement de l’hérédité. Puis l’Homme comprend la génétique moléculaire, salle des machines de son corps, grâce à une série de découvertes s’étirant de la fin du XIXe siècle au début du XXIe siècle. La secousse qui nous fait en ce moment-même vibrer ou trembler est celle de la découverte de la capacité à nous “éditer”, à nous modifier, et cette fois-ci grâce à la collaboration de tous les domaines pionniers de la science moderne. Et que fait l’Homme, une fois bien secoué ? Tout plein de choses. Pour le meilleur comme pour le pire. Ces trois grandes secousses stimulèrent chez l’Homme sa bonne vieille envie de travaux : cela aboutit au mouvement de l’eugénisme et à celui du transhumanisme, qui ont pour dogme l'amélioration de l’humain.

       Nous allons tenter de relater l’évolution de ces deux mouvements jusqu’à aujourd’hui, et ainsi la façon dont l’Homme cherche à améliorer l’humain. Dans un premier temps, nous parlerons de la naissance de la théorie de l’eugénisme, qui ne date que du XIXe siècle, puis nous aborderons les applications de cette théorie, en particulier l’utilisation qu’en fit le régime nazi au milieu du XXe siècle et qui marqua au fer rouge ce courant. Enfin, nous présenterons la résurgence de cette volonté d’amélioration aujourd’hui, ainsi que le débat éthique et philosophique qu’il induit.

      De même, le film Bienvenue à Gattaca (1997, par Andrew Niccol) propose une vision dystopique d’un futur où règne la science de la modification de l’humain. Tenant compte des découvertes plus récentes, Andrew Niccol nous présente un monde futuriste dans lequel le génotype d’une grande partie des enfants est choisi, afin qu’ils soient affublés du moins de défauts et du plus d'avantages possibles. En d’autres termes qu’ils soient beaux,

vingt ans avant la découverte de la structure de la molécule d’ADN, il pose la question qui est très exactement celle du débat du transhumanisme et de l’eugénisme de nos jours : la modification, l’amélioration, voire l’augmentation de l’humain biologique, est-t-elle souhaitable pour l’Humanité ou au contraire est-ce ce que cela risque de nous déshumaniser ?

forts, et intelligents. Dans cette société ultra-capitaliste qui pratique l'eugénisme à grande échelle, les employeurs ont recours à des tests ADN discrets afin de sélectionner leurs employés : les personnes conçues de manière naturelle se retrouvent donc reléguées à des tâches subalternes.

Ce site a été créé par des élèves de Première S dans le cadre des TPE. Nous espérons qu'il vous plaira. Bonne navigation !

Louison CHAUVIN

Eliette LEBRUN

Camille LUCOT

Lycée Nodier, Dole, Académie de Besançon

Entre Eugénisme et Transhumanisme

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Comment l'Homme cherche-t-il

à améliorer l'humain ?

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